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N.a.m.i.b.i.e.

Des traces dans le sable..

Préparatifs

Pendant plusieurs mois, on en rêvait. Une destination lointaine et mystérieuse, un petit bout du monde sortant des chemins classiques du tourisme de masse. Un pays dont je ne connaissais même pas l'existence un an avant. Pendant des semaines, la tension montait. Des centaines de sites web, de compte-rendus de voyage, de forums, des livres, guides, conseils.. Toute information était bonne à prendre. J'ai même affiché une carte au format A1 dans les toilettes, qui s'est vue remplie de petits post-it tout au long de la préparation.

Vue du ciel

Les billets d'avion et la voiture. Les deux choses les plus importantes à planifier. Nous avons choisi d'être autonome et de décider pendant notre route des endroits ou nous nous arrêterons. Si possible, mixer les campings et les lodges, toucher le plus de choses possibles, profiter de ce beau voyage. Un gros 4x4 Nissan King Cab avec une tente de toit nous est apparu un très bon choix. Voiture solide, robuste, un 3.0L diesel avec 4 roues motrices, une bonne garde au sol, 140L de réservoir (1000km d'autonomie), et le plein d'équipements de camping. Bref, parfait pour être autonome !

Le tracé a été calculé, les cartes tracks4africa sont entrées dans le GPS, de longues listes de matériel, de choses à prévoir, bref, beaucoup de préparations, toujours plus passionnantes les unes que les autres.. Le voyage se rapproche.. jusqu'au jour ou..

Windhoek, S22°32'41" E17°05'21", le 06 Mai 2007

Windhoek, enfin ! Après de longues heures de vol, un passage à Paris et à Jo'burg, me voici arrivé dans l'aéroport de la capitale de Namibie. Il fait chaud, c'est plutôt propre, et mon sac est arrivé.. Donc pour l'instant, tout va bien ! En plus, mon avion est arrivé relativement à l'heure, du coup, j'ai le temps d'aller en ville pour aller chercher notre automobile avant que Séverine arrive par le prochain vol.

Sev auto

Le chauffeur qui doit m'amener en ville est là avec mon nom sur un panneau. Je commence à discuter avec lui, mais on a du mal à se comprendre.. Hum, il va falloir que je révise mon Namibien, enfin l'anglais avec l'accent Namibien. Je me dirige vers sa voiture, coté droit. Il me dit que c'est lui qui conduit.. Ah oui, c'est vrai qu'on roule à gauche dans ce pays ! Je regarde les longues étendues d'herbe sèche, et le questionne sur les panneaux étranges au bord de la route. On passe un poste de police, puis on arrive chez le loueur. Je prend possession de la bete, après avoir été longuement briefé sur le matériel de camping, je passe à la caisse. Mes deux cartes bancaires ne passent pas, ni la Visa premier, ni l'Amex Corporate. C'est un comble, on prend les cartes de credit les plus chère pour être peinard, et quand on en a besoin, elles nous plantent. Appel au service Premier: Il est samedi, ils ne peuvent rien faire, sauf si ma carte est perdue ou détruite. Ca peut s'arranger, leur dis-je en regardant la poubelle. Appel à American Express : Oui, tout à fait, nous avons vu qu'il y avait deux transactions africaines, et comme c'est la première fois, et pour un montant important, on a trouvé ca louche. Pas de soucis, on débloque ! 5 minutes après, les 1500 euros étaient débités. Par contre, la petite aventure ne me laisse pas assez de temps pour aller faire les courses. Je prend un peu de cash, et direction l'aéroport !

Je retrouve ma belle, juste descendue de l'avion. Après de longs mois, on est enfin de nouveau tous les deux.

Direction la ville. Séverine avait réservé une chambre au Londiningi, place célèbre chez les Français.. Et oui, les gérants sont Français ! On y va. Un endroit très sympa, très accueillant. Les patrons sont de sortie pour un pot à l'ambassade pour feter les élèctions. Et oui, aujourd'hui, on vote pour notre nouveau président. On pose nos affaires, et on se dirige vers un resto avec notre gros camion qui se révèle assez pratique pour se garder sur les trottoirs. Notre premier repas ensemble depuis trop longtemps. Un gros morceau de boeuf, de la Windhoek Lager, et des conversations de retrouvailles. Sous les étoiles de l'hémisphère sud, nos yeux se ferment.

Namutoni (Etosha), S18°48'25" E16°56'32", le 07 Mai 2007 - 609 km

En route pour l'aventure. Se réveiller sous un ciel bleu, entendre des francais à table à coté de nous. Une grande table entre nous avec d'étranges petits animaux en métal.

On charge le camion, on règle quelques formalités : Courses, loueur, et même un petit tour en ville pour trouver la "Namibian Wildlife". Séverine se moque de moi qui ai les yeux rivés sur le GPS alors que les bureaux que l'on cherche sont sous nos yeux.. Un européen en Afrique..

Zebre

C'est parti. Je suis étonné de voir plein de voitures sur la route. Je m'imaginais ce pays complètement désert alors qu'il y a de gros 4x4, des vieilles voitures, et même des radars ! On passe des villes qui ne sont en fait que des rues, construites autour d'un supermarché et d'une station essence. On fait le plein à mi réservoir. Des enfants essayent de nous vendre des noix taillées avec notre nom dessus. On cède, et finalement on sera bien content d'avoir ces deux noix étranges dans notre fourgon. Je suis un peu choqué par ce négoce à l'africaine, cette facon de vouloir parler aux gens et de raconter la tristesse pour obtenir deux billets. On se sent si fautifs de débarquer dans ce pays avec nos jouets hors de prix, et de voir des gamins sans famille avec de vieux tshirts troués nous parler de Zidane, nous parler simplement, sans trop nous agresser. Goliath va à la rencontre de David.

Séverine m'emmène manger dans un fast food. Elle fait attention à moi, elle sait que ce n'est pas facile de débarquer dans un monde comme cela. Meme elle ne s'y habitue pas vraiment. On reprend la route, un peu en retard sur nos prévisions. Un court arrêt à Tsumeb pour faire le plein de bois pour le braai du soir. Encore une petite ville minière posée là, on ne sait plus vraiment pourquoi. Direction le soleil couchant, sur fond de musiques africaines. Les grands espaces, la liberté.

On arrive à la nuit tombée au poste de Namutoni. Un sourire, le garde nous laisse passer en expédiant les formalités d'usage. Encore une dizaine de kilomètres avant le camp. On roule doucement, on croise nos premiers zèbres affolés par les phares. La porte du camp est fermée. On attends, ne sachant plus trop quoi faire. Un garde arrive et nous fait la morale d'arriver si tard. Il consent à nous ouvrir l'entrée de service, et on rentre dans le camp comme deux garnements qui n'ont pas entendu la cloche de la récré sonner. Des campeurs et des braais partout. On monte la tente à la frontale, on fait notre feu, notre première grillade, notre premier camping, rien que tous les deux.

Halali (Etosha), S19°02'06" E16°28'16", le 08 Mai 2007 - 169 km

On traine un peu.. Et on se réveille dans un camping un peu vide, avec des petits animaux qui passent d'emplacement en emplacement. Premier petit-déjeuner sauvage, avec le café cowboy, les tartines, quelques photos. Puis, on range tout, on replie la tente de toit avec les couvertures dedans. Et hop, sur la route !

Girafe

On décide de faire le tour du Fisher's pan. On y croise nos premiers zèbres ! On mitraille dans tous les sens, le pauvre ne doit pas bien comprendre pourquoi il se fait harceler par deux paparazzis ! Un peu plus loin, une girafe ! Puis un zèbre et une girafe.. Des kudus.. et des centaines d'animaux..

On se dirigera plein Ouest en s'arrêtant à chaque trou d'eau. Sur un, on voit nos premiers éléphants ! Deux éléphants en train de boire dans une flaque grosse comme 3 baignoires. Superbe. On coupe le moteur pour les regarder, avec les girafes restant au loin, attendant leur tour. Puis, arrivent d'autres éléphants, en ligne, superbes. Des dizaines d'éléphants s'amassent autour de ce petit point d'eau.. Instant magique.

Il est temps de rentrer. On prend la route du sud, avec le soleil couchant, .. En mode rallye 4x4, car il faut arriver avant la nuit ! On croise nos premières autruches, un peu affolées, et quelques bambis. Nous arrivons à Halali

On profitera plusieurs fois du joli point d'eau. Des éléphants viennent s'abreuver, et on voit derrière la nature, à perte de vue. Des bruits étranges nous surprennent de temps à autres, et nous espérons à chaque fois voir surgir des lions, girafes ou des rhinos ! Finalement, quelques lions s'approcheront, et se feront rembarrer rapidement par un des éléphant.. Dans la loi de la jungle, l'éléphant est le plus fort !

Quelques photos du premier jour d'Etosha.

Okaukuejo (Etosha), S19°10'51" E15°55'02", le 09 Mai 2007

Le réveil est un peu rude avec les travaux. On s'attarde un peu au point d'eau, et on y rencontre une petite famille de Springboks peureux. Puis, en route.

Elephant

On continuera de point d'eau en point d'eau. Un vieil éléphant viendra nous voir, l'air un peu menaçant, et on se retrouvera à faire une longue marche arrière.. Impressionnant ! Puis, de grands troupeaux de zèbres, de springboks. Un troupeau d'éléphants traverse la route en file indienne, comme dans le livre de la jungle. On les retrouvera autour d'un grand point d'eau : Oliphantbad. Petits et grands jouent dans l'eau, sans se soucier des girafes et des touristes qui restent à l'écart.

On fera un détour par le lac salé, occasion de sortir de la voiture et de marcher en plein milieu de ce lac, entendre nos pas sur la croute de sel. Seuls au bout du monde..

A l'arrivée au campement, on nous dit qu'il n'y a plus d'emplacement numéroté, il faut prendre un emplacement sauvage. Il semble que la priorité soit mise sur les bungalows et non pas sur les emplacements de camping. On trouvera finalement un petit coin numéroté, avec braii, électricité et eau. La classe ! On va pouvoir faire chauffer nos gros steaks.

Girafe

On se rendra au point d'eau, deux éléphants sont en train de boire. Un classique :) Mais pendant que j'installe l'appareil sur le pied, deux rhinos arrivent ! Enfin, on les voit ces rhinos ! Trois autres arriveront plus tard.. Instant magique.. Le silence règne au milieu des touristes.

Quelques photos du deuxième jour d'Etosha.

Mowani Mountain Camp, S20°30'17", E14°25'24", le 10 Mai 2007 - 554 km

On doit quitter Etosha. Un dernier tour au point d'eau nous permet de rencontrer un gros éléphant qui fait son show. Un troupeau de zèbres, de springboks tournent dans tous les sens, des gnous.. Un grand rassemblement par un matin tranquille, et juste nous pour regarder tout ce spectacle : La grasse matinée a du bon des fois !

route

Détour par la forêt hantée. Des petits arbres séchés, des rares baobabs. Et puis, fini le jardin d'Eden ! Direction Sud, Sud-Ouest. De la route goudronnée jusqu'à Khorixas, une étrange petite bourgade où se mêlent des ambiances de Far West, d'Afrique et d'Allemagne.

Quelques dernières photos d'Etosha

Puis, c'est la piste de sable rouge. La vraie, avec personne d'autre que nous. Le but est d'arriver au lodge (réservé le matin même) avant le coucher du soleil.. Il ne faut pas trainer ! Je commence à bien prendre en main la voiture en 4 roues motrices. Un vrai plaisir à conduire ce gros camion, mais il faudra cependant faire attention à ne pas trop décoller en haut des bosses !

Mowani

On arrivera au lodge par une jolie piste de sable tout doux. 4x4 obligatoire ! On sera tout étonnés par l'accueil, plus que chaleureux. Rafraichissements devant le coucher de soleil en haut d'un rocher surplombant la vallée. "We are more than welcome !". Nous avons une cabane avec une superbe vue. Un toit de toile, perché sur une plateforme en bois donnant sur une harmonie de couleurs chaudes avec des pointes de vert. On verra nos premiers Namibian Rock Agamas au détour de rochers. Un havre de paix.

Un repas où on a l'impression d'être deux enfants dans un jeu pour adultes. Un vin dusty taste, un feu camp au milieu de nule part. La nuit est douce, le tamanu aussi..

Quelques photos du Damaraland et d'autres de Mowani.

Ugab Base Camp, S20°57'47" E14°07'56", le 11 Mai 2007 - 107 km off road

Mowani

Le soleil éclaire doucement la vallée que l'on peut admirer sans sortir du lit. Petit dej sur la vallée, piscine, et hop, en route !

Séverine prend le volant et nous allons voir les peintures de Twylfontein. On choisira l'itinéraire le plus long et notre guide nous montre, d'un pas lent et ample, des peintures cachées sur les rochers. Certains en sont recouverts, comme de grandes tables, et on peut y voir des représentations d'animaux, de sorciers, de points d'eau.. Une sorte de vallée des Merveilles avec des thèmes bien différents !

Peinture

Sur le retour, nous croiserons des couples de babouins qui nous observent. Qui observe l'autre se demande Séverine ? Et nous nous attardons à l'entrée, ou nous regardons l'étrange bâtiment construit avec des morceaux de barils de pétrole. Une étonnante récupération, et un beau résultat !

Rapide passage à la Burnt Mountain, une coulée de lave qui a cuit les roches, leur donnant une teinte violette. En haut, notre premier Welwitschia, plante préhistorique, presque endémique, qui se contorsionne sur le sol en attente de sa goute d'eau annuelle. Petit détour par les Organ Pipes, un bel affleurement de dolérite qui a refroidi en tuyaux d'orgues dans un petit canyon. C'est tellement beau, que l'on en oublie presque le car de touristes qui beuglent..

Quelques photos de Twylfontein et d'autres de la montagne brulée et des Organ pipes.

Et c'est parti pour la route, en hors piste complet, guidés par le GPS. On se demande quand est-ce que quelqu'un est passé là pour la dernière fois. Les paysages sont immenses, vides, et les Welwitschias se comptent par centaines. Séverine est toujours au volant, et j'avoue avoir un petit peu peur lorsqu'une pierre touche un peu fort le dessous de l'auto. C'est stressant quand on ne conduit pas ! Mais elle se débrouille comme un chef et ne ralle même pas quand je l'inonde de conseils..

Offroad

On s'enfonce vers le Dores crater. Chaque vallée est une nouvelle ambiance. On a une idée de là où on est grâce au GPS, mais on a l'impression que ces paysages sont infinis. Va t'on arriver avant la nuit ? On s'arrête manger sur le haut d'une colline, et on finira la viande du braai d'hier, se cachant à l'ombre de la voiture. On change de pilote, et ma copilote nous guide dans les canyons, lits de rivières, dans les grandes étendues de sable.

Après quelques passages délicats où on a réussi à placer les roues de notre camion, on arrive à 17h au Rhino Trust Camp par le lit de la rivière Ugab. Mission réussie !

C'est un drôle d'endroit. On est dans le fond du canyon d'une ancienne rivière, et deux maisons faites de bric et de broc surplombent les deux emplacements. On se rend à l'un d'entre eux, matérialisé par une clôture en paille autour d'un grand arbre. On gare la voiture dedans, juste à coté du braai. Il fait chaud, étouffant, et les petits insectes volants sont légion.

Off road

On découvre que le frigo nous a lâché. Peutêtre n'était-il pas 4x4 ? On termine notre bière en essayant de bricoler ce qu'on pouvait pour le faire redémarrer. Sans succès. On rejoint l'autre emplacement pour demander un peu d'aide à nos voisins. L'accueil des deux couples, éclairés à la bougie, est un peu déstabilisant. L'un veut nous parler russe. Sa femme nous parle en anglais et traduit en allemand. Ils se moquent un peu de nos problèmes, car ils voyagent avec des glacières.. et leur seul conseil est de finir nos bières pendant qu'elles sont encore fraiches ! Ils nous demandent depuis combien de temps nous voyageons. Quelques jours. Pour lui, retrouvant son anglais pour l'occasion, c'est un "fifty years journey". On rentre.

Une pancarte dans notre campement nous demande de faire attention aux lions et aux rhinocéros. Nous justement, on aimerait bien en croiser ! On essaye la douche africaine que j'ai amené. Elle est faite d'un sac que l'on a rempli avec les 100L de réserve d'eau du 4x4. Du guacamole maison, un peu de viande, et un bon sommeil bien mérité sous notre gros arbre.

Quelques photos Off Road

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Spitzkoppe, S21°50'11" E15°11'14", le 12 Mai 2007 - 229 km

Welwitchias

On repart en même temps que nos voisins après avoir rangé nos petites affaires et découvert le fameux "donkey system" : Un baril d'essence couché sur un feu de bois, que l'on rempli d'eau, et qui est relié par un tuyau à un saut qui se remonte avec une poulie. Sous le seau, il y a une sorte de paume d'arrosoir. J'aime beaucoup le système. On règle notre campement et on fait une petite visite au musée du rhino trust. Des enfants jouent avec des voitures en fil de fer.

Départ sur les pistes poussiéreuses. On ne sais pas trop comment on va y aller, mais on se dirige vers le Brandberg, afin de voir la White Lady. On s'arrête prendre quelques photos de Welwitchias avec un fond de Brandberg, puis on prend un raccourcit fait d'une piste off road perdue au pied de la montagne. De magnifiques paysages, rien que pour nous.. On ne regrette jamais de quitter la route des touristes de temps à autres. Et quand on la retrouve, on croise le car de touristes des Organ Pipes. Il va dans l'autre sens. Ouf !

Agama

Arrivé au Brandberg, on réveille un guide pour nous emmener voir les peintures. Un autre essaye de nous vendre quelques pierres. Et pour vendre des cailloux à Séverine, il faut se lever très très tôt ! En route. La rencontre avec la Dame Blanche se mérite. Une petite heure de balade à flanc de montagne, dans le lit d'une rivière asséchée. On apprendra qu'il n'a pas plu depuis un an. Notre guide nous présente le "Namibian Rock Agama", un petit lézard sympathique aux couleurs vives (feu chez le mâle, vert chez la femelle). J'adore ce petit animal et je le mitraille avec l'appareil photo. Séverine se moque un peu de moi !

Les peintures de la White Lady sont très belles : fines, colorées ocre et blanc. Il y en a bien d'autres autour de la montagne, mais elles sont réservées aux autonomes. Sur le retour, on croisera un "cobra zebré" qui effraye notre guide. Ce serpent est mortel et nous obligera à faire un détour dans les herbes et les cailloux pour le laisser au large. Un petit vent frais dans les roseaux nous raccompagne sur le retour. On reprend notre auto, il faut ravitailler.

Spitzkoppe

Quelques photos du Brandberg.

On arrive à Uis après avoir dépassé un bon nombre de gamins très jeunes qui essayaient de nous vendre des pierres aux carrefours. La bourgade est minuscule et on sera un peu harcelés par des jeunes qui veulent nous garder notre voiture. Les rayons du magasin sont bien vides, mais on trouvera de la glace. Mais pas de viande. Le magasin ferme, et on se dirige vite vers la caisse. Le courant coupe, et l'employée, qui ne peut plus utiliser sa caisse, allume tout naturellement une bougie et continue sur une petite calculatrice. A la sortie, des jeunes veulent que je leur donne mon t-shirt des Six passengers (le club de plongée de Raiatea..). On prend de l'essence, mais on ne trouve pas d'eau pour le jerrican, les robinets sont sous clé. On est fatigués et on échouera dans un resto devant un plat de grillade "Special White Lady". Vraiment bon, tellement que je demande à la patronne où on peut trouver ces viandes. Elle nous répond que l'on ne trouvera pas à Uis, mais accepte de nous en vendre de beaux morceaux d'autruche pour notre braai du soir. On reprend la route, guidés par un arc en ciel dans l'axe de la piste. On sera même surpris par quelques gouttes d'eau.

Spitzkoppe

On arrive au Spitzkoppe, avec un superbe coucher de soleil, isolés au milieu de nulle part. On choisira un emplacement pour notre tente au pied d'un gros caillou. Il n'y a personne à perte de vue, il y a un silence parfait. On fait chauffer le braai, et une douche au pied d'un arbre avec le même système que la veille. Le vent est un peu frais, et on ira se coucher, bercés par les étoiles..

Quelques photos du Spitzkoppe.

Walvis Bay, S22°57'27" E14°31'19", le 13 Mai 2007 - 319km

On se lève avec le soleil, allongés dans la tente, le regardant embraser tout doucement la vallée. On repart, et on s'arrêtera devant le Bushman paradise, quelques peintures perdues dans les montagnes. On retrouvera la sortie du camp après avoir récupéré un peu d'eau.

Direction Swakopmund. On ne voudrait n'y faire qu'un petit break de quelques heures afin de tracer directement jusqu'à Sesriem. C'est une ville un peu étrange, très différente du reste de la Namibie. Un héritage de l'époque allemande, avec de grandes rues, une sorte de station balnéaire. On ne s'y attardera pas. Un rapide passage à la plage, puis au magasin où on trouvera du game meat : Oryx et zebra au menu ! On achête le permis pour la traversée du Naukluft, et en route !

Panneau

Après être passé par un bout de la Welwitchias road, puis par le lit d'une rivière, on continuera sur la C28, puis sur la D1998. A un virage, c'est le début de l'enfer. La voiture glisse sur de petits graviers, part en tête à queue, bute sur des cailloux, et fait plusieurs tonneaux. Tout est détruit. La voiture, frigo, appareil photo, tente, etc.. Je saigne à l'oreille et au crane, Séverine n'a rien de plus que la trace de la ceinture. Par chance, on arrive à capter et on pourra appeler les secours qui nous localiseront avec un avion et nous enverront une ambulance. Après un passage couture à l'hôpital, on échouera dans un hôtel de Walvis Bay avec des restes de matériel plein de sang, de sable et de poussière, avec l'odeur de l'huile de la voiture. L'hôtel nous commandera un plat d'Oryx et de crocodile et on essayera difficilement de se reconstruire de cette épreuve.

Quelques photos du Naukluft.

Walvis Bay, S22°57'27" E14°31'19", le 14 Mai 2007

KEA nous propose une nouvelle automobile. On accepte, car on voudrait oublier toutes ces images atroces qui sont imprimées dans notre tête. On passe un bout de la matinée au poste de police pour déposer notre accident sur un papier. Un grand moment le poste de police, on voit un morceaux d'Afrique que l'on ne rencontre pas dans les catalogues Kuoni.

Promenade dans Walvis Bay. On a froid avec le Benguela glacial qui souffle. On se réfugie sur un morceau de chantier/plage. Pour le retour, quelqu'un nous prendra en stop pour nous déposer en ville. On rentre à l'hôtel après avoir mangé un morceau d'autruche dans un bar. On apprend que la voiture sera là demain.

Je me souviens du moment où on s'est regardé dans une vitrine. Séverine était pieds nus après avoir cassé une chaussure, moi avec son écharpe autour des oreilles et un chapeau de brousse en sandales. On ressemblait vraiment à rien, et on en a bien rigolé !

Tristes de ce qui s'est passé, mais aussi heureux d'être en vie, même dans une ville comme Walvis Bay. Envie de se sauver et de mettre tout cela derrière.

Sesriem, S24°29'12" E15°48'03", le 15 Mai 2007 - 318 km

La matinée sera longue. On a préparé tous les sacs, on a entassé nos courses à l'entrée de l'hôtel. La voiture arrive pendant l'Oryx du midi. On découvre un drôle de petit fourgon, une sorte de petit camping car 4x4. On expédie les formalités et on repart vers l'Est, en route vers Sesriem.

On traine sur la route, encore choqués par les images de l'accident. Notre petit camion peine un peu dans les cotes. Mais on est pas pressés, car tout ce qui arrive maintenant est un peu comme un bonus.

Après le Naukluft et le col de Garub, on rencontre nos premières dunes. Si belles avec leurs reflets jaunes et orangés. On y croise même un dromadaire ! Un mirage ? On passera ensuite le tropique du Capricorne, main dans la main. La nuit tombe et nous n'auront pas le temps de s'arrêter à Solitaire. La route est assez longue au milieu de ce désert. On arrivera de nuit devant les portes de Sesriem.

18h, nuit noire. Nous n'avons pas de réservation et le gardien ne veut pas nous laisser rentrer. Une voiture arrive à son tour. Ce sont des allemands, et eux ont réservé. Ils acceptent de partager le campement avec nous. On est aux anges, on peut rentrer !

Le campement est grand, avec un gigantesque acacia au milieu. On partage nos bières et notre repas au coin du feu qui a beaucoup de mal à prendre avec le bois que l'on a trouvé à Walvis.

Serendipity. Les allemands étaient chez KEA pendant notre accident. Ils ont suivi les affolements de Beata et toutes les opérations de sauvetage, et ils sont très heureux de nous voir en bonne santé et toujours sur la route ! Et nous aussi !

On papote au coin du feu, pendant que le steak et le mais cuisent. Après avoir déplié le camping car, papi et mamie vont se coucher. Demain, on se lève tôt.

Wolwedans, S25°05'47" E15°58'05", le 16 Mai 2007 - 248 km

Sesriem

A Sesriem, il ne faut surtout pas louper le lever du soleil. Et la porte vers les dunes ouvre une heure plus tôt pour ceux qui sont dans le campement, c'est pourquoi on voulait absolument entrer hier soir. On a mis le réveil, mais on a oublié que le cellulaire était resté à l'heure de France. On allait partir quand on a vu notre méprise et on s'est recouché..

Au deuxième réveil, malgré l'entrainement de l'heure d'avant, c'était dur et froid. Mais on est parti pour une course avec le soleil. Direction Dune 45. Un nom pas vraiment romantique, mais la réalité l'est. Un paysage grandiose, plein de douceur, des ombres sensuelles, des couleurs chaudes, légères. On se réchauffe pendant la montée de la dune, et on contemplera ce paysage assis aux premières loges, tout en haut. Le soleil apparait à l'horizon. Un sourire.

Quelques photos, mais il est impossible de matérialiser vraiment ce souvenir. On croisera un barbu du Botswana, en peignoir en train de se faire un café cowboy à l'arrière de son vieux 4x4. Moments de rires, un peu envieux..

Deadvlei

On passe en mode 4x4 pour rejoindre le parking 4x4 only de Deadvlei. On s'ensablera lamentablement un peu plus loin et nos amis allemands nous doublent, en rigolant je suis sûr ! On enlève le sable à la pelle, on rajoute des branches, rien n'y fait. Des allemands passent par là et nous expliquent que sur ce modèle, il faut bloquer les roues avant manuellement avec un switch sur l'essieu. On aurait jamais trouvé.. Et tout de suite, ca fonctionne, et on sort ! On est un peu tendu par la suite, mais on retrouve nos allemands au parking, avec un grand sourire ! Et c'est parti pour les dunes.

Promenade dans le sable de Deadvlei, ancien lac asséché. Il reste une étendue blanche d'argile sechée et craquelée plantée d'anciens acacias desséchés dont certains auraient plus de 900 ans. Paysage fantomatique entouré de dunes ocres parsemés de bouquets d'herbes vertes. Une vie fragile, qui sera lentement écrasée par le soleil qui monte dans le ciel. Séverine reprend le volant sur le retour. On s'arrêtera au Sesriem canyon. On avait sorti les chaussures de marche, mais quand on voit la profondeur, on se ravise.. Le canyon est superbe, et ma géologue préférée nous raconte que c'est une érosion récente de 5 Millions d'années seulement, dans un conglomérat qui était en fait un ancien lit. Plus bas, on apercevra des grès de la formation bien connue du Namibia Roadside's Geology. Et on repart vers le sud.

Quelques photos de Sesriem et Sossusvlei.

Woldedanse

Un long chemin avec une sensation étrange de solitude. Notre route n'est troublée que par des zèbres et des autruches. Arrivés au lodge Wolwedanse, on est accueilli par une sorte de ranger chasseur, guetteur, rabatteur, cueilleur qui aime la game meat. Un excellent thé glacé, et on nous explique que l'on doit sortir nos bagages de notre petit camion et que l'on va nous emmener au camp. On monte dans un landrover surélevé et on part sur de petits chemins à travers les dunes. On découvre notre chalet de bois et de toile au milieu du sable et des herbes. Une vue grandiose.

On file déjeuner sur la terrasse, et on observe un Oryx venu boire, pendant que des oiseaux essayent de partager notre plat. On patiente un peu avant de partir pour une promenade dans les dunes. Le chauffeur s'arrête de temps à autre et commente. Il nous explique comment les acacias se protègent des girafes, comment les Oryx se déplacent, .. Et on prend le temps d'observer des petits détails dans ce grand paysage.

Woldedans

On monte une glacière en haut d'une dune surplombant une superbe vallée. Une bière au coucher du soleil, seuls au monde. Et on rentre, tout doucement, de nuit, phares éteints pour ne pas effrayer les animaux. On se serre sous les couvertures, et on sera bien contents de retrouver une douche chaude ! Tenue de gala pour le diner, annoncé en langue à klics ! Ce qui donne encore plus d'exotisme à ce menu.

Le vent se lève, les lampes à pétrole s'éteignent. Et nous aussi, bercés par le vent.

Quelques photos de Wolwedans.

Fish river Camp, S27°37'11" E17°42'53", le 17 Mai 2007 - 549 km

Dur de se lever, blottis sous la couette, même si le superbe lever du soleil nous y invite. On se remplit encore les yeux et on retrouve notre petit camion. En route vers le sud !

Une fois sortis de la réserve, le paysage est plus terne. On cherche en vain une bourgade pour se ravitailler et faire de l'essence. Mais tout est fermé, car c'est ferié aujourd'hui (Jeudi de l'ascension). Les villages ressemblent à des villes fantômes, et on devra faire un détour par Keetmanshoop. Le paysage change tout au long de la route, et on quitte les dunes pour de la savane, des vallées et d'étranges collines de grosses pierres. La route est longue, mais on ne s'ennuie pas. On poussera les barrières qui servent à délimiter les réserves d'animaux. Keetmanshoop est moche. Triste, avec des villages de tôles tout autour. On fera quelques courses rapidement, de l'essence, et un peu d'argent. Il fait déjà tard et on doit se dépêcher pour atteindre la Fish avant la nuit. La piste est toute brune, toute droite, et on voit le coucher de soleil sur notre droite. On fait la fin de la route de nuit, avec les phares.. Et on croisera quelques animaux.

On arrive au camping d'Hobas. Très bon accueil, on nous explique tout, et on choisira un emplacement pas très loin de la piscine. Grillade, douche chaude, et dodo. On est bien fatigués par toute cette route.

Quiver tree Camp, S26°28'54" E18°14'30", le 18 Mai 2007 - 388 km

On traine un petit peu. Jusqu'à 7h30 tout de même ! Un petit déjeuner en regardant passer les babouins, puis on range notre petit camion, et zou, direction le "Fish river canyon" !

Fish

Pour nous, cette destination est un peu un symbole. J'avais planifié cette étape sans trop y croire, pensant que ca nous ferait trop de route. Après tout ce voyage et ses évènements, on y arrive comme un but, comme si on était au bout de la route, arrivés. Improbable, et pourtant. On arrive au "Min point view" qui nous offre une vue vraiment impressionnante. Il parait que ce canyon, le deuxième plus grand au monde, semble plus petit que le Grand Canyon du Colorado. Je ne trouve pas, celui-ci est tout aussi gigantesque, avec une vue sur plusieurs virages. On distingue au fond quelques traces d'eau. Il faudrait une bonne journée pour descendre, et sûrement autant pour remonter. D'ailleurs, les "one day trips" sont formellement interdits, et un chemin de 85km (5 jours) est proposé. Ironiquement, Total sponsorise l'endroit. Même au bout du désert la corporation est là !

On croisera un couple d'anglais dans leur land rover, équipée pour un long Safari, pleine de livres de poche glissés contre l'habitacle. Des fleurs et des étoiles égayaient l'extérieur.

Quelques photos du Fish canyon.

Kokerboom

On se décide de pousser jusqu'à Ais Ais au sud, espérant trouver de quoi manger et prendre un bain. Séverine reprend le volant. La route n'est pas facile mais offre quelques points de vue sur le canyon. Après plusieurs virages, on arrive dans une sorte de camp de vacances défraichi, qui n'aurait pas bougé depuis les années 60. Tout est vieux, mais plutôt propre. Pas grand chose à manger, mais on trouve un peu de poisson et un morceau de viande dans un petit resto. On en profite pour prendre un bain dans l'eau chaude de la piscine. Un régal avec le vent frais qui nous caresse doucement. On est seuls.

Retour vers Keetsmanshoop en passant par la Tar road. Après avoir fait le plein, on ne trouvera pas de viande dans les magasins. Grosse salade donc pour ce soir. On arrive juste à temps au camping de Quiver Tree, au coucher de soleil, comme d'habitude ! Le coucher de soleil sur les arbres carquois. Un petit bout de rêve. Un joli emplacement à coté d'une grande pierre plate, la douceur de la nuit.

Quelques photos de la Kokkerboom forest et Giant's playground.

Windhoek, S22°32'41" E17°05'21", le 19 Mai 2007 - 526 km

Nous nous sommes levés avec les premiers rayons du soleil embrasant les kokerbooms.

Un peu nauséeux cette nuit, un mal au coeur qui me suivra toute la journée. Sûrement la viande d'hier. Petit déjeuner léger, et on part 5km plus loin pour voir le fameux "Giants Playground". Cet endroit porte bien son nom, ce sont des montagnes de cailloux, empilés comme si des géants avaient joué aux légos. Cela ressemble un peu aux lieux où les hommes ont érigé des pierres. On monte sur un gros tas, la vue est bien belle. Mais on ne doit pas trainer car la route est longue, et on voudrait passer chez le loueur avant la fermeture.

Séverine prend le volant pendant quelques centaines de kilomètres. Elle reprend ses marques, je suis content. Les villes défilent, elles sont un peu tristes. Seule Rehoboth sort de l'ordinaire avec ses maisons roses, un peu comme un petit village mexicain. On refranchis le tropique du Capricorne. Un peu une impression de rembobiner en une après midi la longue route que nous déroulons depuis deux semaines.

Sev Carnet

On passe chez KEA pour régler les tracasseries administratives. Un dur moment à négocier jusqu'à la fourchette manquante. Puis, retour au Londiningi. On se sent chez soi, comme un refuge. Nathalie est contente de nous voir.

On rassemble notre courage et quelques vêtements pas trop sales pour aller jusqu'à "Joe's bearhouse". Kudu et Springbock au menu ! Deux très bonnes viandes, en quantité.. Je cale avant la fin ! Nos dernières game meat avant longtemps, savourés à la bougie.

Avion

Après de nombreuses tracasseries administratives, direction l'aéroport. Des images plein la tête, la larme à l'oeil, on quitte ce si beau pays, si accueillant, si sauvage.

Merci Namibie.

Toutes les photos sont ici.