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Un regard sur l'afrique.

Préparatifs

Mozambique. Ce mot est sorti il y a quelques mois au milieu d'une conversation. Un pays bien moins connu que les Seychelles ou même le Botswana, mystérieux, où peu de voyageurs Européens ne se rendent, sauf peut-être quelques plongeurs qui semblent se limiter aux plages et fonds de Tofo. Cette destination nous tentait bien : un endroit sauvage, mélant nos souvenirs de Namibie, d'Afrique du Sud et d'Angola. Des restes d'une culture portugaise noyée dans l'Afrique d'aujourd'hui, ou d'hier. Un endroit préservé avec beaucoup de choses à découvrir ? C'est décidé, ca sera notre prochaine étape.

auto

Les informations que l'on trouve sur Internet viennent principalement de deux sources : Les backpackers qui sont montés en bus (ou chappas), ou les sudafs qui s'y rendent en 4x4 sur-équipés pour les vacances. Nous avons trouvé des récits et conseils sur deux sites : VoyageForum et surtout l'excellent site de Mike : Mozguide, avec ses fichiers PDF et son forum. Nous avons aussi acheté le Bradt (assez moyen) et le Lonely Planet (très bien), tous les deux dans leur dernière édition en anglais.

Nous voulions trois choses : Découvrir le pays, faire de la plongée et du kite. Les dates ont été fixées au mois d'Avril 2008, juste à la fin de la saison des pluies, et nous avons décidé de nous limiter à la partie sud, car en 15 jours, aller vers le Nord est plus qu'aventureux. Après avoir longuement hésité, on a préféré prendre un 4x4 à Jo'burg afin de ne pas être embêtés avec les nombreuses pistes en deep sand, les routes défoncées, et les probables problèmes liés à la fin de la saison des pluies. La différence de prix pour avoir de l'équipement n'était pas vraiment significatif, et nous avons donc opté pour un Nissan Double Cab 3.0l turbo diesel de chez KEA avec une tente (NDLR : Le diesel nous avait été conseillé car plus facile à trouver, et je préfère de loin le diesel au sans-plomb). C'est plus gros que celui de Namibie, mais comme ils n'avaient pas le KCE, ils nous ont fait celui là pour le même prix.. Et c'était bien pratique pour stocker les planches et voiles de kite !

Le 4x4 equipé, en dehors du fait qu'il nous apporte beaucoup plus de sécurité qu'une berline, offre aussi un avantage appréciable : On peut passer sur les pistes sans trop se poser de questions, et arriver tard dans les campings en étant sur d'avoir un toit.. Du coup, on se demande si on ne va pas passer par le Kruger et le Limpopo à l'aller.. Et après.. On verra !

Arrivée à Jo'burg, S26°8'59" E28°10'20", le 12 Avril 2008

Enfin. Après des heures de voyage, on se retrouve le samedi soir à l'aéroport de Jo'burg, chargés de sacs et des kites que l'on avait ramené de Cape Town : 25Kg chacun, mais avec un grand sourire de retrouvailles.

On charge dans la voiture d'Ernest et on se rend pour notre première nuit aux 3 Brothers. On découvre une jolie chambre "Mexicaine" dans une zone résidentielle (sécurisée) avec un repas aux chandelles et une bouteille de vin. En ouvrant mon sac, je fais la réflexion : Tiens, ils ont fait sauter mon cadenas. Et en cherchant mes affaires, je tombe sur tailleurs et seche-cheveux. Mince ! Le même sac "cargo" modèle de 2004, avec les étiquette "Silver" et "prioritaire" ! La probabilité de trouver deux sacs identiques de ce type dans un avion est quasi nulle.. Et bien ca arrive quand même. Heureusement, le propriétaire nous appele, et nous pourrons échanger les sacs le lendemain matin. Les vacances commencent un peu chahutées, mais tout s'arrange finalement, et nous pourrons profiter de notre jolie soirée.

Vers Lower Sabie, Kruger Park, S25°7'26" E31°55'0", le 13 Avril 2008 - 490 km

Petit déjeuner chez Ernest et Maggie. Entre deux cuillères de céréales, cette dernière nous demande si on planifie notre mariage (Are you planning to get married ?). Drôle de question qui donnera lieu à quelques réflexions entre nous sur les différentes façons de voir les choses selon les coutumes, le passé d'une civilisation. Nous remplissons le Guest Book, et nous apercevons que ce petit lodge n'a ouvert qu'il y a un an. Ernest nous expliquera qu'il travaillait dans une banque et qu'il a tout laissé tomber pour s'occuper de sa Guest House avec sa femme. Choix de vie qui permet de rencontrer des gens d'horizons très différents, apportant chacun leur pierre à cet édifice.

Direction l'aéroport pour retrouver le sac, et Ernest nous dépose chez KEA. On attend longuement avec une autre famille de Français (agacés par le retard) que le gérant revienne de l'aéroport et s'occupe de nous. Mais tout s'arrange, comme toujours en Afrique, et après avoir vérifié les papiers et le contenu de l'auto, on s'élance vers l'Est avec la bénédiction du gardien Congolais qui nous demande de rouler "doucement, doucement". En partant, on fait quand même quelques courses, on regonfle les pneus, et c'est parti !

Routes du Kruger

Une longue route où on compte les kilomètres pour savoir si on arrivera avant la nuit au Kruger. Ca serait bien, car on a pas vraiment d'autres idées de repli. Sur le chemin, je remarque que les voitures les moins rapides se mettent sur la bande d'arrêt d'urgence pour nous laisser passer et la coutume veut qu'on les remercie avec un coup de warning. Sympa.

Après 4h de route, on arrive à Crocodile Gate à 17h08. La garde nous dit qu'il est un peu tard pour réserver un campsite à 1h de route vers le nord (Il fait nuit à 17h45 en ce moment) et nous demande de les appeler sans leur dire que l'on est qu'à Crocodile Gate. Et voila, nous avons notre réservation pour ce soir, et il nous reste plus qu'à rouler "as fast as you can" jusqu'au camp.

Un peu avant 18h, après avoir évité les impalas et buffles, on expédie les formalités à l'entrée de Lower Sabie et on s'installe pour notre premier Braai sous quelques gouttes de pluie. On aura un peu de mal à faire prendre le feu pour cuire nos 500g de steak d'autruche. Un peu "rear" (très saignant), mais succulent accompagné d'un Savannah (cidre que l'on prennait en Namibie et en Afrique du Sud). Première nuit sous la tente..

Quelques photos du Kruger.

Limpopo, vers Aguia Pesqueira, S23°51'54" E32°0'36", le 14 Avril 2008 - 270 km

Girafe

On a du mal à prendre le rythme, et on se lève un peu tard.. Tout le monde est déjà parti ! Petit déjeuner, pliage de tente, et en voiture !

Séverine prend le volant, et on part plein nord sur les routes du Kruger. A notre droite, une chaîne de collines qui séparent le Mozambique de l'Afrique du Sud, et au milieu, de grandes plaines de savanes avec des buffles, girafes, impalas.. Des petits zèbres et une famille de phacochères. Et au détour d'une route, on croisera même les si rares "cheetahs" (guépards). Sans oublier un troupeau d'éléphant sur les berges de l'Olifant river. Mais il ne faut pas traîner, car on doit impérativement passer la frontière avant sa fermeture à 15h.

On se dépêche, et les paysages nous bercent sur un rythme de muzique Africaine. Plein d'essence à Letaba, on pique-niquera dans la voiture, et finalement, on arrivera vers 14h devant le poste frontière de Giriyondo. Coté Sud Africain, deux policiers jouant à un jeu de guerre sur leur ordinateur jettent un coup c'oeil au numéro de moteur et à nos affaires. Le portugais de Séverine nous aide bien pour expédier les taxes et la paperasse et après un petit bavardage avec le guide du parc, on reprend la route, enfin, la piste.

Giriyondo

Il y a moins d'animaux. On ne croisera que zèbres et impalas qui semblent plus sauvages que leurs cousins du Kruger. Un détour par le village de Massingir veilho avec ses cases rondes et ses toits de chaume. Les habitants nous saluent, les visites ne devant pas être si fréquentes par ici. On croisera des vaches aux longues cornes, des morceaux de pistes étroites longeant une barrière avec des panneaux étranges. Les fameuses délimitations des terrains minés ? Est-on du bon coté de la barrière ? Restons dans les traces de roues.

Quelques photos du Limpopo.

On pense être arrivés au camp d'Aguia Pesqueira quand un gros camion nous barre la route et un gars nous fait des grands signes. On s'arrête et on entend plus loin les dernières notes d'une cantatrice. Un guide s'approche et nous confirme que nous ne révons pas. C'est bien un orchestre entier que l'on voit jouer au milieu des hautes herbes, juste devant le soleil couchant. Moment surréaliste que l'on est invité à partager, avec une bière à la main. Nos premières "2M" (Mac Mahon), le gout du Mozambique, qui déjà nous surprend.

Orchestre

On apprendra que cet orchestre francais est en train de tourner un film publicitaire pour le parc après une tournée au Mozambique. On nous demande de poser pour une photo, et Séverine sera même interviewée par un journaliste du "Noticias" armé d'un bloc-note et d'un dictaphone.

On rejoint le campement n°6, le meilleur nous dit on. On a le choix, on est complètement seuls, avec une vue superbe sur le lac de Massingir. On en profitera autour d'un braai de steak d'autruches et une bonne salade. Nuit Mozambiquaine.

Quelques photos d'Aguia Pesqueira.

Zavora, S21°30'54" E35°12'0", le 15 Avril 2008 - 456 km

Aguia Pesqueira

A nous le Mozambique ! Ce matin, on se lève tot pour profiter des premières lueurs sur notre lac. Les couleurs sont encore automnales, et après les toasts au feu de bois du petit déjeuner, on repart sur les pistes. Je tiens à préciser au passage que ce campsite est vraiment exceptionnel : Beau, bien entretenu, des gérants très gentils, et loin de tout. A conseiller si vous êtes respectueux de l'endroit !

Séverine évite les grosses pierres qui jalonnent la piste. On passe par de beaux paysages dans les plaines et les vallées jusqu'à la frontière du parc où l'on peut acheter la "3rd party insurance" ou "Seguro", obligatoire au Mozambique. Le poste est une improbable barrière au milieu de nulle part, avec une petite cabane sous un arbre. Puis, nous continuons en prenant des autostoppeurs à qui on a demandé notre chemin. Ils nous indiquent qu'il faut bien passer sur le barrage et nous tiendront compagnie jusqu'au village de Massingir. L'une t'entre elle n'était jamais monté dans une voiture !

Limpopo

La tar road commence et nous suivra quelques heures. Macarretane, Guija, Canicado.. Les villages défilent. On aurait pu passer par le pont tout neuf de Chokwe, mais on a tourné avant car je croyais qu'il n'avait pas été refait. A Chibuto, on retrouve les pistes de terre bien rouge bordés d'arbres verts. Avec le ciel bleu, le contraste est saisissant. On double quelques kadongueros (Camionettes-monospaces qui servent de bus, pleines à craquer de gens avec de nombreuses affaires sur le toit, dans le coffre, dans une carriole..), mais ce sont surtout des piétons que nous doublons, en essayant de faire notre possible pour ne pas les recouvrir de poussière. Choc de civilisations entre un porteur de bois et deux blancs dans leur grosse auto. Mais un sourire, un signe de la main les relient. Séverine me compte l'Angola en comparant ce que l'on découvre au fil des kilomètres. Ici, les maisons sont plus jolies, plus solides, des champs et des enfants qui y jouent. Pas d'ordures qui trainent, tout est propre.

On relie la fameuse EN1, la route qui suit la cote. Le bitume est plutôt bon et les voitures moins nombreuses que je pensais. Surtout des pietons et des vélos. On croise de petits villages peints aux couleurs des deux opérateurs de téléphonie mobile d'ici. Un village bleu pour Vodacom suivi d'un village jaune pour MCel. De vieilles bâtisses portugaises défient le temps entre les cases et les étals d'improbables vendeurs. La route est belle avec sa couleur violette, bordée d'une terre rouge et de palmiers élancés, une végétation d'un vert éclatant.

Mercearia

Quelques photos de la piste entre le Limpopo et Zavora.

On fera une petite pause à Quissico pour trouver des Meticais (la monnaie locale). En vain, mais ce petit détour nous permettra de découvrir un petit village avec son mercado (marché), sa poussada (petit hotel), un batiment administratif avec vue sur la mer, et des rues en terre, inondées.

Il est tard, et on ne pourra pas atteindre Vilankulo ce soir. On hésite entre Zavora et Morrunguele et le soleil décidera pour nous. Il déclinera doucement quand nous nous engagerons sur la piste reliant Zavora. A l'arrivée, un jeune nous demande du travail. On apprendra plus tard que l'on peut louer ses services pour 80 Meticais (4$) par jour, prix du contrat de travail pour la main d'oeuvre sans qualification. Séverine me guide et je monte le 4x4 en haut d'une grande dune de sable. On installe notre tente entre deux cabanes.. Avec une vue royale sur l'océan. Une superbe plage de sable fin toute propre avec personne aux alentours. De l'eau claire et une belle (vague) droite. Le Mozambique, encore sauvage. On se baignera au soleil couchant avant de rejoindre le restaurant où on dégustera notre premier barracuda accompagné de deux bières locales. S'endormir au bruit des vagues..

Quelques photos de Zavora.

Entre Zavora et Vilankulo, S22°0'34" E35°29'22", le 16 Avril 2008 - 338 km

Zavora

Petit déjeuner avec vue sur l'océan, que l'on ira gouter un peu plus tard. Jouer dans les vagues transparentes et chaudes. Mais il est temps de repartir pour atteindre le point le plus au nord de notre périple : Vilankulo.

La route défile, et nous arrivons à Maxixe pour le déjeuner. Les magasins sont fermés entre midi et deux, et ca nous laisse le temps de profiter du "Stop Snack", un petit resto avec la vue sur le bras de mer qui sépare Maxixe d'Inhambane. Un bon repas de poisson sous les bougainvilliers en fleurs. Un petit tour par l'embarcadère et on voit nos premiers "dhows", ces barques qu'ont amenés les arabes au VIIIe siècle. Petit tour au distributeur où l'on voit un garde dans un superbe uniforme jaune sombre, à la station service et à l'épicerie. Puis nous reprennons la route.

Dhows

Un passage très difficile entre Massinga et Nhachanguene, rempli d'énormes nids de poule. Je comprend maintenant ce que veut dire un "high clearance vehicule" (voiture avec beaucoup de garde au sol) qui nous a été conseillé à maintes reprises sur Internet. Le bas coté est souvent en meilleur état mais ne permet pas vraiment d'accélérer. Des gamins s'improvisent terrassiers et mettent un peu de terre dans les trous en demandant quelques pièces aux voitures. On se hate car le soleil commence à décliner. Les derniers kilomètres se font sur une route toute neuve et nous atteindrons Vilankulo à la tombée de la nuit. Le lonely conseille de demander à un local de nous accompagner jusqu'au Baobab, mais les cartes Tracks4Africa du GPS nous y emmènent aisément en zigzagant entre les ruelles du village.

Le Baobab n'est pas vraiment conçu pour camper, plutôt pour louse un bungalow ou profiter du dortoir. Et on finira par passer dans l'herbe entre les bungalows pour se trouver un coin sous un arbre pour ouvrir notre tente. Une douche froide dans une petite cabane de roseaux sous la pleine lune, et l'antimoustiques, puis nous allons manger un morceau au snack du camping. Des lulas (calamars) et des shooters d'Amarula, un alcool sud africain fait à base du fruit du même nom d'une couleur sombre qui le fait ressembler à du pétrole (Le cocktail s'appelait Oil and Cindarella). Une ambiance très "backpackers" avec billard, musique et récits de voyageurs de toutes les nationalités. On s'éclipse un peu pour préparer le planning de la suite de notre voyage sur une table en bois avec les pieds dans le sable.

Quelques photos de la route entre Zavora et Vilankulo.

Vilankulo, S21°58'56" E35°19'23", le 17 Avril 2008

Ce matin, on met le réveil. On appele l'organisateur des sorties à Bazaruto, mais malheureusement il faut être au moins 4. Mais le club de plongée, Odysée Dive se propose de nous emmener y plonger demain. Ce club est tenu par deux français : Sabrina et Denis, que j'avais croisé sur voyageforum un peu avant. Le rendez-vous est pris.

Port Vilankulo

On se rend en ville à pied. Le premier vrai contact avec l'Afrique pour moi. Un contact très dur, avec beaucoup de stress, de questions, de peur. L'impression désagréable d'être un intrus dans un monde qui fonctionne très bien sans moi. Des sentiments qui s'estomperont petit à petit grâce à l'aide de mon "Angolaise".

Passage par le marché, la ville, le port, puis par la plage où l'on peut croiser des pécheurs qui remontent leurs lourds chargements, gagné au prix de longues apnées. Des dhows, toutes voiles dehors tournent entre les îles à la recherche du poisson du jour. Des enfants nous accostent en anglais pour nous vendre des colliers et autres babioles qu'ils sortent de leur cartable quelques metres avant de nous croiser. Nous nous faisons un plaisir de leur répondre en portugais que nous n'avons besoin de rien : Nao preciso.

Sur notre chemin, nous nous arrêtons dans un petit restaurant (très) local : le "Ti zé". On a le choix entre deux plats uniques : Peixe (poisson) ou frango (poulet). On essayera un de chaque. Pas d'eau ni de café ici, et on se lave les mains au milieu des tables dans une bassine avec une cruche d'eau. Difficile de se rincer les mains sans l'aide de quelqu'un pour tenir le broc d'eau !

Mozambiquain

Sur notre chemin, nous nous arrêterons au "Café Mozambicano", un très joli café/boulangerie où nous dégusterons un café avec un "Bolo de Natal" (gateau de noel), puis nous rejoignons la plage. On prend les kites, mais malheureusement, il n'y a pas assez de vent : 7-8 noeuds. On profitera donc de la plage à l'ombre d'un bateau et des vagues transparentes en face du Baobab.

Douche froide, antimoustiques, pantalon et manches longues. Le rituel de chaque jour, interrompu de temps à autres par une jolie lune. Puis, nous délaissons notre backpackers pour rallier par la plage "La Varanda" sur les conseils de Denis. On nous a vivement déconseillé de nous promener de nuit à Vilankulo, mais le restaurant n'est qu'à quelques centaines de mètres de notre campement. Un gros chien surgit de nulle part et nous accompagne sous la pleine lune. Des bateaux échoués par la marée basse font des ombres sur la plage. Du mal à trouver l'entrée du "restaurante", et on finit par rejoindre la route pour demander notre chemin à une ombre. Elle nous répond que c'est "la lumière, là bas". En effet, il n'y a pas d'électricité ici, on ne voit que quelques braises encore rouges dans de petites parcelles de terre, et cette lumière, comme un phare, au bout de la rue.

Une superbe villa face à la mer avec une immense salle sous un haut toit de chaume. Mais on préférera la terrasse et la vue magnifique pour déguster un "filete de njica", un poisson local et un cari de camarones. Un repas délicieux et un retour sous la lune.

Quelques photos de Vilankulo.

Archipelago de Bazaruto, S21°54'33" E35°26'46", le 18 Avril 2008

Bazaruto

Le rendez-vous au club de plongée est un peut tôt. Sabrina et Denis nous attendent. On essaye les combinaisons qui nous vont comme un gant, surtout celle de Séverine qui est un modèle "femme", denrée rare dans les clubs de plongée. Après avoir signé la fameuse décharge de responsabilités, nous embarquons sur le "Vasco", semi-pneumatique du club. Deux autres plongeurs nous accompagnent, ainsi que deux skippers.

En chemin, on rencontre des dauphins ! Ils ne nous accompagneront pas, juste un petit passage, une rencontre bien courte. Puis, petite pause sur l'île de Benguerra pour le briefing et en profiter pour mettre les combinaisons. Une jolie plage déserte où on pourrait passer notre journée. Mais il faut aller retrouver les poissons. Direction "Corner point". En chemin, j'assiste à quelque chose de phénoménal : le "buddy check" : C'est une sorte de coutume étrange qui consiste à réciter une sorte de bénédicité pour vérifier que l'on a tout son matériel de prêt. J'ai eu du mal à ne pas rire, surtout sans plombs ni tubas !

Tortue

Aller, zou, sous l'eau. Une bonne visi avec un peu de courant. On croisera une multitude poissons du récif, puis une raie pastenague, une "Giant Reef Ray" (raie marbrée) et une tortue que l'on dénichera au fond d'un trou. Enfin, un dernier petit requin passera pendant nos paliers.

Une heure de pause sur Bazaruto. Le temps de déjeuner à l'ombre de petits palmiers et de marcher sur la grande dune. D'un coté, une grande dune de sable sculptée par le vent et parsemée de petits coquillages, de l'autre la verdure. Quelques photos, et il faut déjà repartir pour la deuxième plongée. On y croisera des murènes et deux vols de raies Mobula !

Nous sommes rentrés, au milieu des dhows, des belles images plein la tête. On récupère les tampons pour nos carnets de plongée et de bons conseils pour la suite du voyage. Puis nous retournerons à la Varanda pour profiter de leur terrasse, d'un Saw fish (poisson scie) et d'un Njica. La plage est belle, avec l'ombre des bateaux sous la lune.

Quelques photos de l'archipel de Bazaruto et de plongée.

Turtle cove - Tofinhno, S23°52'54" E35°32'41", le 19 Avril 2008 - 341 km

Un matin un peu différent. Je suis avec Séverine dans un pays superbe, et c'est mon anniversaire ! Donc ce matin, un an de plus, et une nouvelle année qui commence drôlement bien !

Monte Carlo

Petit déjeuner dans le kikouyou, et on prend la route. Petit passage en ville pour remplir notre frigo qui fonctionne plutôt mal car la deuxième batterie de la voiture est morte. Il n'y a quasiment rien dans l'épicerie, mais on trouvera quand même notre bonheur : Eau, céréales, thon, et quelques fruits. Un peu de pain à la boulangerie, et c'est parti. On reprend la route que l'on connaît déjà et avec l'habitude, on passe la portion pleine de potholes (trous) beaucoup plus facilement qu'à l'aller. Le bas coté de la route est très fréquenté par des cyclistes, des pietons et leur lourd chargement. Des sacs de charbon et du bois sont à vendre. Des étals de diverses denrées tout le long.

On passe par Maxixe, puis on remonte sur Inhambane où on s'arrêtera pour manger et faire le plein. C'est une jolie petite ville avec ses vieux batiments portugais. Une ville improbable au détour des champs de cocotiers. On essayera le "restaurante Tic Tic". Un bon repas pendant lequel je peux gouter au Piri-piri (piment local dans lequel ils trempent les cordes qui entourent les champs pour faire fuir les éléphants) et au fanta uvas qu'à pris Séverine. Des gamins se prennent en photo à coté de notre 4x4 d'aventuriers.

Quelques photos de la route entre Vilankulo et Inhambane.

Kite

On se dirige maintenant à Tofinho, à une trentaine de kilomètres d'Inhambane. La route étroite serpente entre les cocotiers et le chemin de sable se fini à notre destination : Turtle cove, le repère des surfers du Mozambique. On s'installe dans ce drôle de campement parsemé de petites cabanes en palmes de cocotiers. Les vagues ne sont pas au rendez-vous et on décide de prendre nos kites pour aller à la plage. Les gamins regardent amusés ces deux tortues que nous sommes !

10-12 noeuds. C'est un peu léger, mais j'arrive à décoller mon aile de 12m. Elle vole pour la première fois, le jour de mon anniversaire ! On se la prête à tour de rôle pour jouer un peu sur la plage. Au loin, quelques surfers attendent la vague : une "droite d'anthologie" les bons jours.

Retour vers le camp. On se perd un peu, mais on l'atteint au soleil couchant, embrasé, rouge puis violet. De l'eau chauffée par un Donkey System (baril d'eau posé sur un feu de bois) pour la douche, et on hésite entre le repas sushis et un resto en ville. La "Casa de Comer" l'emportera pour féter mon anniversaire : C'est un restaurant franco-mozambiquain conseillé par Denis dans le centre de Tofo. On se perdra un peu en prenant la mauvaise route au départ. Mais finalement, on arrive à destination et on trouvera même un centre de plongée (Diversity scuba) juste à coté. Le restaurant est raffiné et je suis surpris par des bougies.. Un bien chouette diner sur une jolie terrasse avant de rentrer sous les étoiles et la musique.

Quelques photos de Tofo.

Tofo et Inhambane, S23°51'48" E35°22'46", le 20 Avril 2008 - 30km

Encore un réveil bien tôt pour arriver aux clubs de plongée. Déjeuner dans l'herbe et direction Diversity. Malheureusement, ils ne sortent pas ce matin, et Liquid non plus : pas assez de monde. Par contre, il y a de la place à "Tofo Scuba", une usine à bulle au standard padi. On n'est plus vraiment au Mozambique, mais dans une enclave sudaf pour touristes qui ne viennent que pour voir des poissons. Mais on est bien accueillis et équipés en un tour de main. J'ai suivi attentivement le mauvais briefing et n'avait plus de courage pour le notre.. Mais j'ai retenu tout de même que "dive is fun" (plonger c'est sympa), l'hymne de padi. Ah, on nous demande quand même si on a déjà fait une bascule arrière.. J'ai eu du mal à ne pas rire !

Direction la plage où un vieux bakkie (pickup) Toyota rouillé pousse le bateau dans les vagues avec une grosse marche arrière : "Plouf". Ils sortent la voiture de l'eau, et on monte sur le bateau. Direction Sheerwood, puis Giant Castle pour avoir moins de courant. Encore un buddy check, et enfin, on plonge !

Toyota

A 30m (un padi prend l'eau au delà), on croise des murènes (dont une léopard), de curieuses étoiles de mer, des poissons Lion.. Mais le plus de la plongée, c'est son déroulement : Au bout de 15 minutes, la divemachin (une sorte de guide) demande notre conso au bout de 15 minutes. Ne connaissant pas de signe pour dire "C'est plein", on lui répond 180 bars. Au bout de 21 minutes, fin de plongée. Je lui fait le signe "Tu est bourrée/narcosée ?" Mais ils ne connaissent pas ce signe.. Donc on remonte, doucement. Oui, très doucement, car on fera quand même 21 minutes de remontée. Et l'un des plongeurs pompera sur un octopus pendant toute la remontée. Ce qu'il veut dire qu'il a seché sa bouteille en 20 minutes ! Un record pour le guinness ? A la surface, on manquera de se noyer pendant un fou rire de quelques minutes.. Dive is fun !

Aller vite, on quitte cet endroit ! "Never dive padi again". Et direction le Bamboozi au fond d'une piste de Deep Sand (sable profond). Quelques chalets face à la mer et un joli campement où on installe pour pique-niquer. On passe prendre contact avec Liquid pour savoir s'ils proposent de vraies plongées.

La plage est belle, le vent est à 15 noeuds, et on sort donc les kites. Séverine tente d'expliquer aux gamins de ne pas s'approcher des "papagaio" (cerfs-volant). Séverine me décolle et j'attends qu'elle s'équipe pour la décoller à mon tour. Mais entre temps, je me fait distraire par des gamins insistants qui demandent à Séverine s'ils peuvent essayer, et je me fait embarquer bêtement par mon aile contre une dune. Le crash fut violent et je ne réussi pas à me lever. Séverine récupère un infirmier qui sort de plongée et qui nous envoie faire une radio à l'hopital d'Inhambane. Séverine range donc les kites et le materiel, et m'emmène à l'hopital.

Beaucoup de mal à bouger, mais la radio ne trouve rien. C'est donc musculaire et on me prescrit des anti-inflamatoires et du repos. Pour ce soir, pas question de retourner à Bamboozi, et on ira donc à la pensao Pachiça d'Inhambane où la gérante fera son possible pour nous aider. Elle nous trouvera une chambre avec de jolies fresque de "Dinho" et se remettra même aux fourneaux pour nous préparer un poulet grillé, le plat local Mozambiquain. Je me remet à bouger petit à petit, et on finira par s'endormir.

Inhambane et Farrol de Barra, S23°47'33" E35°32'12", le 21 Avril 2008 - 30 km

Inhambane

Nuit difficile, assez douloureuse. Mais le plus important est que je peux de marcher sans trop avoir mal. Et ca tombe plutôt bien car j'ai envie de bouger. Après le petit déjeuner, nous nous promenons donc dans les rues d'Inhambane, voir de plus près ces fameuses maisons prtugaises que l'on avait entrapercues en coup de vent l'autre jour. On en profite pour faire un long arrêt à la pharmacie pour acheter les médicaments. Une vieille batisse avec de vieilles armoires en bois. Séverine fait des coudes pour arriver jusqu'au comptoir et le pharmacien extrait quelques plaquettes des boites qu'il met dans un sac en papier, le tout pour 115 Meticais, donc un peu moins de 4 euros. Les restes d'un pays communiste où les soins, même s'ils ne sont pas toujours très performants, ne coutent rien.

Quelques photos d'Inhambane.

Barra

On rentre par les rues pour déguster un poisson tout sec à la pension, suivi d'une bonne salade de fruitas avec du maracuja. Et on reprend la route, direction Farrol de Barra. Nous revoila donc sur les pistes, avec mon dos calé dans des serviettes. Et au détour d'un chemin, on découvre un endroit improbable, à la pointe de la péninsule d'Inhambane : Un petit phare européen bien conservé, un batiment détruit avec des fresques de "Dinho" représentant des scènes de vies Mozambiquaines. Et autour, un petit camping tout vide où nous sommes seuls. Notre emplacement domine une très jolie plage, et en bas quelques chalet poussent petit à petit pour les quelques familles sudafricaines qui s'adonnent à leurs jeux favoris : scooter des mers, quad, 4x4 sur la plage, ou simplement un jeu de cricket.

Pour nous, une petite balade sur la plage où nous rencontrons de drôles de petits bateaux échoués. Ca ressemble à un chalut qui ne peut contenir qu'une seule personne. Etrange embarcation. Le vent a forci et on a un peu froid. Après une douche froide, nous irons nous réchauffer au restaurant de la plage avec un peixe com batatas fritas (poisson avec frites) accompagné d'un coca.

Quelques photos de Farrol de Barra.

Bilene, S25°17'43" E33°13'57", le 22 Avril 2008 - 396 km

On a dormi avec le vent et les vagues. Pas de regret pour le kite car le vent est trop fort en ce moment. On petit-déjeune sur notre falaise avec vue sur la jolie plage par marée basse. Les vagues se succèdent lentement et régulièrement. Séverine achète des petit pains à des enfants. Une très bonne idée car ils ont un petit gout sucré au coco qui, avec de la confiture de figues, les font ressembler à des beignets.

Femmes

Mais il est temps de reprendre la route. Ou va on ? On ne sait pas encore. Vers le sud. On retrouve la EN1 et les villes défilent. On croise beaucoup d'écoliers en costumes qui font des dizaines de kilomètres pour aller à l'école. Au milieu, des femmes et leurs lourds chargements : Eau, bois et autres matières diverses. Beaucoup de cyclistes aussi.

"Quinta, quiosque et Banca". Des étals sur le bord de la route qui nous rappelent qu'il est temps de manger. La prochaine ville est Quissico, la ville où on avait pas trouvé d'argent à l'aller. Une vue superbe sur le lagon, malheureusement ils ne vendent que des boissons. Il faudra aller manger en face de la pensao dans la "sala de refectioes" (salle de reception) du restaurante Ran Tan Plan. On y retrouve encore des peintures de Dinho, dont une qui semble symboliser l'esclavage sur le mur des toilettes.

Bilene

Pour ce soir, pas de camping. Un vrai lit pour reposer mon dos. On passe donc Xai-Xai, où on se fera flasher (à 59km/h au lieu de 50, ce qui nous fait 1000 Meticais) et on se dirige par une petite route vers Bilene, une station balnéaire des années 50/60. Beaucoup de vieilles maisons bien abimées qui semblent attendre qu'on s'occupe d'elles, et on débouche enfin à Praia do Sol au bout d'un sandy track (chemin de sable).

Le réceptionniste, Soles (?), nous accueille avec un immense sourire. On est presque seuls. Il nous fait visiter le chalet n°1 qui a une jolie vue sur le lagon. Il nous demande si on veut quelque chose de plus grand, à quoi on lui répond que l'on veut la plus belle vue. Il court nous chercher les clés d'un chalet juste au dessus conçu pour 5 personnes avec une vue panoramique sur le dam.. On prend !

Un repas de barracuda et un poulet au piri-piri à coté de la plage, et s'endormir dans un vrai lit..

Quelques photos de la route entre Farrol de Barra et Bilene.

En passant par Maputo, vers la Reserve Especial de Maputo, S26°26'59" E32°55'30", le 23 Avril 2008 - 308 km

Beaucoup de vent cette nuit. On apprécie notre jolie vue sur le lagon depuis la chambre. On se retrouve seuls au petit déjeuner, et je profite des petits cakes pendant que Séverine demande ce qu'est cette bouteille d'alcool contenant un liquide sirupeux et très parfumé. Le serveur nous explique que c'est du miel local vendu au bord des routes. Les fameux "arbres à bouteilles" que l'on croise de temps à autre.

Petite promenade au bord du lagon, et on repart dans une voiture toute propre. Je rale un peu car la boue que l'on a accumulé depuis le Kruger rende notre gros camion plus discret.. Mais bon, on refera la déco !

Ferry

Un petit arrêt pour acheter des noix de cajou au bord de la route à un enfant qui gardait un arbre mort rempli de sacs blancs. Des dizaines d'arbres comme cela au bord des routes à coté desquels passent les écoliers. Mais on arrive à Maputo, et le paysage change brusquement : On est maintenant dans une sorte de banlieue-bidonville sale avec beaucoup de circulation, des vendeurs, de tout. La périphérie d'une grande ville d'Afrique, mélange de moyen-age et modernité. Séverine me dit que ca ressemble un peu à Luanda en beaucoup plus riche. La circulation est dense et on se faufile entre les voitures, guidés par le GPS pour dénicher un centre commercial. On y trouvera même un Woolworth et un petit fast-food asiatique.

Je reprend le volant après avoir fait le plein, et on se dirige maintenant vers les beaux quartiers de Maputo : Belles propriétés, voitures brillantes comme la notre. Un contraste avec l'autre coté de la ville. Détour par le front de mer pour arriver jusqu'à l'embarcadère. Séverine se renseigne pendant que je me fait harceler par un vendeur de tabouret et un autre qui vend Ray-bans, Mont Blanc.. Le bateau part dans 20 minutes, il est temps d'embarquer !

Juste le temps d'acheter les billets et de rentrer notre gros camion sur le ferry déja bien plein. Et il rentrera encore un camion, puis une voiture.. Plus un centimètre ne restera vide ! Pour les passagers, de la place sur l'avant du bateau. Les amarres sont largués, on vogue maintenant jusqu'à Catembe sur une croisière organisée au dernier moment.. On discute avec des portugais qui attendaient le ferry depuis quelques heures. Ils viennent d'arriver à Maputo en avion et se dirigent vers Punta do Ouro. On leur dit qu'il leur reste 60km de tar (route goudronnée) et de deep sand (sable profond).

Reserve

Débarquement sur un petit ponton, sans plus de formalités que lorsque l'on est monté. Passage dans une grosse flaque de boue pour décorer la voiture, puis on file vers le sud sur une piste défoncée. On se fait arreter par des policiers qui nous demandent juste ou nous allons et si nous rentrons à Maputo ce soir, et nous continuons jusqu'à la Réserve Especial de Maputo, aussi appelée "Elephant Reserve".

A l'entrée du parc, un panneau nous prévient qu'ici les éléphant retournent les voitures ! On signe un vieux registre sur lequel on découvre que peu de gens rentrent dans ce parc. Aucune recommandation, nous pouvons entrer. Et à partir d'ici, plus de panneaux, personne a des kilomètres à la ronde. Là on est vraiment seuls. La piste est en gros deep sand, et les paysages sont magnifiques : Des lacs, de la savane, des collines, des passages dans des bois.. On s'embourbe plusieurs fois, mais un petit passage en low gear diff lock (rapports bas de la boite de vitesse et blocage des roues) nous tirent d'affaire à chaque fois. Nous sommes bien content d'avoir les pistes sur le GPS car la nuit commence à nous entourer et il n'y a toujours aucun panneau.

Arrivée de nuit dans le campsite de Punta Milibangalale. Quelques tentes sont déjà installées, et nous mettrons la notre à coté de la plage. Un feu de camp pour faire cuire notre viande, quelques bières, et une lune rousse, rien que pour nous.

Quelques photos de notre journée entre Bilene et la Reserve Espacial de Maputo.

Reserve et Punta do Ouro, S26°50'46" E32°53'24", le 24 Avril 2008 - 60 km

Reserve

Encore un réveil face à la mer. De jolies vagues rencontrent une plage de sable blanc. On nous avait parlé de cet endroit comme un coin préservé, "pristine pure", et effectivement, ca y ressemble bien.

Le vieux batiment est en fait habité par un garde qui sort cirer ses chaussures. Il viendra nous saluer pendant que l'on déjeunera en regardant l'océan. Un jeune sort d'on ne sait ou pour nous demander du travail, des pécheurs avec des planches de surf qui vont et viennent, puis une famille qui débarque de nulle part dans un landy trainant un lourd bateau. Sont ils passés par les mêmes pistes que nous avec ce gros bateau ? Sûrement que oui, il n'y a pas d'autre route pour venir. Quoique la piste du sud est peut-être meilleure. Nous verrons ca tout à l'heure. Mais avant de reprendre la route, nous ne pourrons résister à l'envie de profiter de notre petit coin de paradis. Nager dans une eau si transparente que l'on voit tous les petits poissons dans le creu de chaque vague. Au bout, une jolie dune au pied de laquelle un vieux skateboard abandonné nous invite à s'essayer à la luge de sable.

Quelques photos de notre campement à Punta Milibangalale.

On resterait bien au bout du monde. Mais il nous reste pas mal de "deep sandy track" et nous ne sommes pas bien sûr des pistes, car celles décrites sur le GPS comportent des trous.. Alors on plie tout notre barda, et on repart ! Les collines, les bois et les lacs s'enchainent. On s'arretera à coté de l'un d'entre eux en faisant attention aux crocodiles pour une petite pause. Puis nous continuerons jusqu'à la fameuse entrée Sud, si difficile à trouver. Et c'est vrai que la piste pour y arriver est un tout petit chemin perdu dans les hautes herbes.

Nissan

Quelques photos de la Reserve Espacial de Maputo.

On sort du parc, et on décide de continuer par la piste de la cote : Deux traces de sable dans lesquelles on calle les roues, au milieu d'une savane à perte de vue. Sur notre coté, un feu nettoie quelques hectares. Mais bientôt, de l'herbe toute verte repoussera à cet endroit, et fera le bonheur des animaux. On s'arrete manger sous un gros arbre sans trop s'éloigner de la piste car il reste peut-etre encore des mines ici aussi. Des crudités, de la viande d'hier, des chips, du pain et du biltong bien sûr ! Un vrai festin. Puis on repart dans le gros sable profond en se disant que si les portugais du ferry sont passé par ces pistes sans panneaux, ils doivent nous haïr !

On passe par Punta Malangane. Rien de tentant, on continue. Le paysage change et les gens ne nous saluent plus vraiment. Pour la première fois depuis que l'on est rentré dans le pays, on rencontre des gens avec un air triste. Et on comprendra vite pourquoi en rencontrant les premier 4x4 rutilants qui trainent leur scooter des mers, ou des tribus de petits cochons roses sur leur Quads. Cette tribu a élu domicile au camping de Punta do Ouro, notre destination.

Punta

On est fatigués par cette route et on plante la tente au milieu de tous ces hooligans buveurs de bière. Un choc des civilisations. Que fait on là ? Comment on a pu arriver ici après ces 11 jours de calme et de sérénité ? On tente de s'éclipser sur la plage et on découvre quelques surfers attendant leurs vagues. Des pécheurs à intervalles réguliers sur la plage, quelques promeneurs, et au loin.. Nos portugais !

La marée monte, il faut rentrer au campement. On passera prendre des infos aux clubs de plongée. Un grand blond nous accueille et nous dit qu'ils sortent un peu tard demain, donc qu'on a le temps de se décider demain matin. Mais il faut savoir que les tarifs d'ici sont prévus pour des gens restant la semaine et non pas un jour ou deux. On verra donc l'état de mon dos et nos envies du jour. Pour l'instant, juste envie d'une douche, d'antimoustiques et direction le petit resto de la plage. Au menu, deux bières du seafood et traditionnel barracuda. Le serveur ne comprend pas le portugais et les prix sont en rands. Est-on toujours au Mozambique ?

De retour au camping, on apercoit deux voitures à coté de nous : un Landy et une Nissan kea. Ils discutent autour d'un grand feu de bois, un profil d'aventuriers. Mais il est tard, et nous rentrons sous notre tente.

Vers le Swaziland, HLane Royal, S26°15'37" E31°52'34", le 25 Avril 2008 - 212 km

Le réveil est agité car les gros cochons roses commencent à faire du bruit en démarrant leur jouets motorisés. Un peu trop pour nous. On avait pris deux nuits, mais on craque et on sort les guides et cartes pour planifier comment partir d'ici au plus tôt, et de préférence tout de suite ! On avait prévu de passer au Swaziland si on avait assez de temps, il est encore tôt, on doit pouvoir y arriver avant ce soir. Alors qu'on était en train de ranger, un des voisins vient discuter avec nous. Ils ont fait un long périple : Caprivi, Zambie, Malawi et Mozambique. Ils nous racontent par ou ils sont passé, comment un pont s'est écroulé pendant que le landy était dessus : 28km en deux jours. Grace à eux, on sait que notre Nissan peut etre immergé jusqu'aux fenêtres, et une fois sec, il redémarre sans problème. On a regretté de ne pas être allé partager des bières au coin du feu la veille !

boue

Un petit tour à la plage, entre les cerfs-volants, apprentis golfeurs ou snorkeleurs (masque et tuba), et on lève le camp. Impossible de se faire rembourser la deuxième nuit, mais pendant les négociations, nous observons le débarquement de nouveaux hooligans : Gros, gras, envahissants, plein de jouets clinquants, avec même de la bière stockée dans un bain de glace à l'avant du trailer (remorque, pour un scooter des mers dans ce cas) et choisissant leur employé du jour à l'entrée du camp comme un marché aux esclaves. C'en est un peu trop pour nous. Vite, retrouver les pistes Mozambiquaines.. Direction plein nord !

Quelques photos de Punta do Ouro.

La piste est mauvaise : des trous et des bosses, du gros sable. Cela secoue beaucoup. Lors d'une pause, on a l'impression que l'alien que l'on avait mis dans le coffre est en train de s'échapper en passant sous la porte arrière du pickup.. En fait notre bidon d'un litre de liquide vaisselle vient d'exploser. On s'apercevra par la suite que la bière et le pot de feta dans le frigo sont cassés aussi ! On verra ca plus tard, on a de la route à faire.

Sur les coups de midi, on s'écarte de la route principale pour tenter de trouver à manger à Bela vista. Au bout du village, on suit le panneau "restaurante" qui nous emmène jusqu'à un endroit charmant au bord du fleuve Maputo revétu de ses couleurs brun et ocre: Quinta Mila. On y mangera de délicieux poissons accompagné de schweps au maracuja (fruit de la passion). Une pause bien paisible dans un petit oasis.

Radeau

Mais il est tant de reprendre la route. On enchaine les kilomètres de pistes rouges et ocre. On longe des champs qui ressemblent à des rizières, on passe des ponts, certains bien abimés, on traverse des villages où les habitants nous proposent de venir boire un verre. Mais on doit passer la frontière avant la nuit. Je passe un peu vite dans une grosse flaque de boue et recouvre notre camion d'une belle couleur rouge orangée.. Et on arrive au poste frontière de Goba.

Le liquide vaisselle dissuade les douaniers de fouiller la voiture. L'un d'entre eux me demande quelques rands, ce qui me fait rigoler.. Il n'a pas l'habitude et laisse tomber. Moi non plus, j'étais un peu surpris de cette corruption.. On ne peut pas utiliser nos Méticais pour payer les taxes, heureusement qu'il nous reste des Rands.

Le soleil décline doucement. Les routes changent et le paysage devient plus montagneux, plus vert. On essaye d'entrer dans le premier parc près de la frontière, mais le gardien nous dit que c'est impossible : c'est en travaux, il n'y a ni eau, ni électricité. On a beau lui dire que l'on a déjà tout ca, rien n'y fait. On continue donc jusqu'au prochain parc, le HLane Royal National Park que l'on atteint de nuit. Une gardienne nous accueille gentiment et on installe notre campement sous un arbre.

Il fait beaucoup plus frais, et on se dirige vite vers le restaurant. Ce soir, ca sera Game Meat (viande de kudu, d'autruche..) et Hunter's pot (ragout du chasseur). On est presque seuls, ca change de la veille ! Qui a dit que l'homme était fait pour vivre en société ? Notre calme sera troublé par une petite famille de francais, et on s'éclipsera vite sous la tente.

Quelques photos de la route de Punta do Ouro au Swaziland.

Pigg's Peak et Phophonyane, S25°53'59" E31°17'33", le 26 Avril 2008 - 171 km

Impalas

Se matin, on voit une autruche qui se promène dans le camp et qui s'invite au petit-déjeuner de nos voisins ; un couple très british. Pour notre part, les réserves étant quasiment épuisées et le frigo toujours inexploitable, nous allons au restaurant. De la terrasse, on voit quelque chose bouger au milieu de l'étang.. Des hippopotames ! Je m'approche un peu, et quelques minutes d'attente suffiront pour voir notre hippo sortir pour embêter un crocodile qui se dorait sur le bord. J'espérais voir des hippos au Kruger, et c'est au Swaziland que l'on en aura rencontré !

Après avoir payé l'entrée du parc et remercié la gardienne d'hier soir, nous partons sur les pistes de la réserve pour un game drive matinal. On ne croisera que quelques buffles, impalas et une voiture stucked (embourbée) devant nous. Deux filles à l'arrière s'agitaient pour faire danser la voiture sur ses amortisseurs, et étrangement, ca a marché ! Pour notre part, un petit passage en low gear, et c'est passé tout seul. Par contre, au détour d'un chemin, la jante se plie en montant sur un rocher et le pneu se met à fuir. Quelques coups de hache suffisent à le redresser et on pourra repartir sans même changer la roue.

piggs

Quelques photos du HLane Royal National Park.

On sort du parc, et après avoir refait la pression des pneus, on repart vers le nord ouest pour rejoindre la piste menant à Pigg's peak. On passera entre les champs de canne à sucre et les lotissements sécurisés, et on aura du mal à trouver un village pour faire le plein de nourriture. On tombera sur un petit centre avec une boucherie où les clients font griller en face, sur une sorte de braai public, la viande qu'ils viennent d'acheter. On préfere prendre quelques vivres au supermarché et aller pique-niquer près d'un canal, à l'ombre d'un accacia : Thon, biltong, pain, noix de cajou, orange..

Le ventre plein, on prend maintenant les gravels (pistes, en gravier ici). Les paysages de montagnes s'enchainent, seulement interrompus par quelques vaches aux longues cornes au milieu de la piste. C'est si différent du Mozambique. Lors d'un virage, la vue change brutalement et laisse place aux plantations d'eucalyptus. Des versants sont complètement nus, d'autres pleins d'arbres bien droits, prêts à la coupe. On s'inquiète un peu de ce que l'on va trouver au milieu de ce massacre forestier, car notre lodge est à quelques kilomètres. Mais au bout d'une piste, nous retrouvons une forêt humide, luxuriante et préservée. C'est là !

Chute

Quelques photos de la route entre HLane et Phophonyane.

On nous fait choisir entre une tente, une maison et une case swazi. On optera pour la tente (ressemblant un peu à celle de Mowani en Namibie) qui est juste au dessus des rapides. On commande le repas de ce soir et on se dirige vers la fameuse cascade de Phophonyane. L'eau qui s'y jette, coule sur les plus vieux cailloux du monde : 3.5 Milliards d'années ! Une jolie couleur de soleil couchant nous accompagne pour cette promenade, et on rentrera vite prendre une douche chaude (ca faisait longtemps !) mais un peu fraiche à mon gout avec le vent du soir.

Un bon repas, un peu guindé avec les serveuses qui demandant sans cesse d'où on vient, ou on a passé la nuit précédente, si c'était bien.. Toujours les mêmes questions, un peu lassant. Et on s'éclipse après le dessert, sur la pointe des pieds pour rejoindre notre cabane au bord de l'eau.

Quelques photos de Phophonyane.

Retour à Jo'burg, S26°05'29" E28°15'18", le 27 Avril 2008 - 445 km

Foret

Dernier réveil sous la tente. Le voyage touche a sa fin et nous devons rentrer aujourd'hui à Johannesburg pour prendre l'avion de 19h. Un petit déjeuner sur la terrasse ensoleillée sans aucune envie de quitter Phophonyane. Je m'attaque au nettoyage du frigo sous les regards étonnés d'un employé du lodge qui a lavé notre voiture entre temps, et Séverine discute avec un homme qui raconte qu'il n'y avait rien ici il y a 20 ans, juste une ferme de maïs. Ils ont tout planté. Il connaissait tous les lieux où on est passé, et nous a promis qu'il ferait rajouter des panneaux dans la Réserve Especial. A un moment, on s'est demandé si ce n'est pas Mike de MozGuide !

On reprend la piste à travers les bois pour atteindre le poste frontière de Bulembu. En fait, il faut savoir qu'il y a bien un double poste frontière, mais pas de route pour y aller ! Une piste forestière du coté Swaziland et une gravel en construction coté Sudaf. On monte donc tout ca en mode 4x4, en croisant quelques rares bergers avec leurs vaches et une étrange ville minière qui annonce en grand à l'entrée "Sans dieu, la vie n'a pas de sens". Au bout de ces chemins surgit le drapeau Swazi frappé d'un bouclier. Nous dérangeons l'employé en plein ménage. Il y a très peu de passage ici et il prend donc le temps de discuter avec nous. Il est bien étonné que nous ne soyons pas mariés et demande si les parents de Séverine sont d'accord. Mais finalement il conclue que ce genre de voyage permet à Séverine de vérifier la bravoure de son futur époux ! Je n'ai qu'à bien me tenir !

route

Le deuxième poste frontière est entouré d'une belle route, de verdure et de barbelés. Pas de doute, on est bien en Afrique du Sud. La piste reprend et, après vérifications, nous avons encore 50km de gravel en travaux. Nous prenons notre mal en patience, mais la route bitumée vers Nelspruit est en travaux aussi. Est-ce qu'on va réussir à attraper l'avion ?

On accélère sur les routes sudaf et on arrive à jamais se faire coincer les les dizaines de radars répartis tout le long. On arrivera dans les temps chez KEA où nous devrons tout vider pour faire les sacs. Une dernière douche avant de charger les bagages dans la voiture qui nous emmène à l'aéroport. Séverine ne repart que demain matin pour l'Angola et se fera récupérer par Ernest pour passer la nuit aux 3 brothers.

Quelques photos de la route entre Phophonyane et Jo'burg.

On se sépare donc, encore une fois, bien fatigués, devant les douanes aéroportuaires. Des images plein la tête, le Mozambique nous manque déjà. Des paysages superbes, des gens si gentils, une vie douce. Le calme de l'Afrique comme on en rêverait.

Nous

Toutes les photos sont ici.

En chiffres : 3600km, 61h de 4x4, 26km de dénivellé, altitude max de 1933m, 2200 photos, 3 vertèbres.